Liste d’acteurs de la Résistance et de la libération de Paris. Les biographies reproduites ci-dessous sont extraites du site du musée de l’Ordre de la Libération : http://www.ordredelaliberation.fr/fr/musee.
GEORGES BIDAULT (Alias : Rousseau – BIP)
Georges Bidault est né le 5 octobre 1899 à Moulins dans l’Allier. Son père était directeur d’assurances. Après des études chez les Jésuites, il prend part à la Première guerre mondiale. Reçu premier à l’agrégation d’histoire en 1925, il enseigne à Valenciennes (1925-1926), à Reims (1926-1931) puis au lycée Louis-le-Grand à partir de 1931. Chrétien fervent, il s’inscrit la même année au Parti démocrate populaire (PDP), issu du Sillon. Éditorialiste depuis 1934 de l’Aube, d’inspiration démocrate-chrétienne, antinazi, il se signale en septembre 1938 par un éditorial anti-munichois. Mobilisé sur sa demande, il est fait prisonnier en 1940. Libéré d’Allemagne il regagne Paris en juillet 1941. Ne pouvant exercer comme journaliste en raison de ses opinions, Georges Bidault s’installe en zone sud en octobre 1941. Professeur au lycée du Parc à Lyon, il entre rapidement au comité directeur du mouvement de résistance « Combat », fondé en zone sud par Henri Frenay. En février 1942 il devient rédacteur en chef du journal clandestin Combat.
En avril 1942, il accepte de diriger, à l’initiative de Jean Moulin qu’il a rencontré quelques mois plus tôt, une véritable agence de presse clandestine : le « Bureau d’Information et de Presse » (BIP) de la Délégation générale. Il quitte donc la rédaction en chef de Combat. et, assisté de Pierre Corval, forme une équipe de journalistes parmi lesquels Rémy Roure (ancien de Combat.), Louis Terrenoire et Yves Farge. Le BIP publie le Bulletin d’Informations générales destiné à la fois aux mouvements et à Londres. La parution des Bulletins est très fréquente, parfois quotidienne. Au printemps 1943, en accord avec Jean Moulin, il entre au comité directeur du mouvement Front national de zone sud. Membre du Conseil national de la Résistance (CNR) à sa fondation en mai 1943, il y représente le Parti démocrate populaire. Ayant quitté Lyon pour Paris, révoqué de l’enseignement, il vit dans une totale clandestinité.
En septembre 1943, il est élu président du CNR à la suite de la disparition de Jean Moulin. Devant les risques de réunir les membres du CNR au complet, il est décidé de créer un bureau restreint de cinq membres. Georges Bidault préside, plusieurs fois par semaine, toutes les réunions du bureau du CNR. Il s’attache à renforcer l’unité de la Résistance en prévision de son rôle dans les combats de la Libération. Il assume la représentation de la Résistance auprès du général de Gaulle qui l’appelle au poste de ministre des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire le 9 septembre 1944.
En novembre 1944, il est un des fondateurs du Mouvement républicain populaire (MRP) et est élu député de la Loire sans interruption de 1945 à 1956 puis en 1958. Il est président (1949) puis président d’honneur du MRP (1952). De la Libération à 1954, Georges Bidault est également deux fois Président du Conseil, vice-président des cabinets Queuille, Pleven, Edgar Faure, ministre de la Défense et quatre fois ministre des Affaires étrangères. Partisan farouche de l’Algérie française, il quitte la France en mars 1962, à la veille de l’indépendance de l’Algérie. En juillet 1962, son immunité parlementaire est levée après qu’il a fondé à l’étranger un « CNR » visant à défendre l’Algérie française. Réfugié au Brésil jusqu’en 1967, il réside ensuite en Belgique puis rentre en France en juin 1968. Georges Bidault est décédé à Cambo-les-Bains, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 27 janvier 1983. Il a été inhumé à La Celle les Bordes dans les Yvelines.
Distinctions :
• Grand-Croix de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 27 août 1944
• Médaille de la Résistance française avec rosette
LAURE DIEBOLD (Alias : Mona – Mado)
Laure Diebold, de son nom de jeune fille Laure Mutschler, est née le 10 janvier 1915 à Erstein (Bas-Rhin), seconde enfant d’un père ébéniste et d’une mère restauratrice. Après des études secondaires à Sainte-Marie-aux-Mines où la famille s’établit en 1920, elle devient secrétaire sténodactylo bilingue français-allemand dans une entreprise locale. Puis, elle entre en 1935 aux usines Elastic à Saint-Louis (Haut-Rhin) jusqu’en 1939. Ensuite, elle est secrétaire d’un industriel à Saint-Dié dans les Vosges.
Après l’armistice, elle demeure en Alsace et rejoint une organisation de passeurs pour les prisonniers évadés. Repérée par l’occupant, elle quitte l’Alsace à la veille de Noël 1941 et parvient à Lyon, cachée dans une locomotive. Elle y retrouve son fiancé, Eugène Diebold, prisonnier évadé, qui la fait embaucher comme secrétaire au service des réfugiés d’Alsace-Lorraine. Jeune mariée, elle entre à partir de mai 1942 au réseau de renseignements « Mithridate », où, en qualité d’agent de liaison et d’évasion, catégorie P1, elle recueille des informations qu’elle code et fait passer sous forme de courrier à Londres. Laure Diebold est arrêtée une première fois le 18 juillet 1942 par la police judiciaire deux jours avant son mari ; n’ayant rien dit, ils sont relâchés le 24 juillet faute de preuves. Elle se réfugie à Aix-les-Bains, passe dans la clandestinité la plus totale et devient « Mona ».
À la mi-août 1942, elle rencontre Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, par l’intermédiaire de Madame Moret qui travaille comme elle au service des réfugiés d’Alsace-Lorraine. Engagée aux Forces françaises libres, immatriculée au Bureau central de renseignements et d’action (BCRA) sous le nom de « Mado », elle est affectée aux services de Jean Moulin, représentant du général de Gaulle et délégué du Comité national français, en qualité d’agent P.2 avec le grade de lieutenant. Laure Diebold fait preuve d’une activité extraordinaire, travaillant jour et nuit, à son domicile de la banlieue de Lyon, pour la Délégation générale dont elle est la dactylo. Pendant plusieurs semaines, le secrétariat de la Délégation générale fonctionne uniquement avec Daniel Cordier, Laure Diebold et Hugues Limonti.
En janvier 1943, elle s’installe dans un bureau près de la place des Terreaux, ce qui facilite le travail du secrétariat de la Délégation. Fin mars 1943, sur décision de Jean Moulin qui souhaite installer ses services dans la Capitale, elle s’installe à Paris avec Cordier et Limonti.
Après l’arrestation de Jean Moulin, en juin 1943, elle demeure à Paris où s’est installée la Délégation générale et continue le même travail aux côtés de Claude Bouchinet-Serreulles et de Georges Bidault. La difficulté de trouver un local la contraint à travailler dans sa chambre, chez son beau-frère, à Fontenay-aux-Roses pendant quelques semaines avant de pouvoir s’installer à Paris, rue Vavin. Elle qui n’ignore presque rien de l’organisation de la Résistance est à nouveau arrêtée en compagnie de son mari, à Paris, rue de Grenelle, le 24 septembre 1943 et conduite à Fresnes ; elle réussit à convaincre la Gestapo qu’elle n’a fait que servir de boîte aux lettres et échappe ainsi à la torture.
Le 17 janvier 1944, Laure Diebold est dirigée vers Sarrebruck puis internée à Strasbourg du 28 janvier au 13 juin 1944. Déportée ensuite au camp de sûreté de Schirmeck, elle est internée successivement à Mulhouse, Berlin puis au camp de Ravensbrück. Transférée près d’Altenburg, au kommando de Meuselwitz qui dépend de Buchenwald, elle est affectée à partir du 6 octobre 1944, au kommando de Taucha (près de Leipzig) dépendant aussi de Buchenwald. Gravement malade, promise au four crématoire, elle est sauvée par un médecin tchèque du laboratoire du camp qui escamote sa fiche à deux reprises. Libérée en avril 1945 par les Américains, très affaiblie, elle arrive à Paris un mois plus tard et, conduite à l’Hôtel Lutetia, elle a le bonheur d’y retrouver son mari, également de retour de déportation. En dépit d’une santé très altérée par les épreuves subies en déportation, elle recommence aussitôt à travailler, à Paris dans les services de la Direction générale des Etudes et Recherches (DGER) puis, à partir de 1957, à Lyon dans une entreprise où elle est successivement secrétaire puis bibliothécaire. Laure Diebold meurt subitement le 17 octobre 1965 à Lyon et est inhumée en Alsace, à Sainte-Marie-aux-Mines, dans le Haut-Rhin.
Distinctions :
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 20 novembre 1944 • Croix de Guerre 39/45
• Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
RAYMOND DRONNE
Issu d’une famille d’agriculteurs, Raymond Dronne est né le 8 mars 1908 à Mayet (Sarthe). Il fait ses études au lycée du Mans puis aux universités de Leipzig et de Berlin, à la faculté de droit de Paris. Docteur en droit, il est également diplômé de l’École des Sciences politiques et sort major de l’École de Journalisme et de l’École coloniale. Il effectue son service militaire dans l’Infanterie métropolitaine en 1931-1932 et, après avoir suivi les cours d’EOR de Saint-Maixent, est nommé sous-lieutenant. Administrateur d’Outremer au Cameroun, il est adjoint des services civils à Douala de 1934 à 1936.
Après un stage d’un an à l’École de la France d’Outremer, il retourne au Cameroun au Bureau des Finances puis comme juge de paix. Mobilisé sur place en septembre 1939 comme lieutenant, il est affecté aux forces de Police du Cameroun. Il prend une part active, à Yaoundé, au ralliement de la ville à la France libre le 28 août 1940. Engagé dans les Forces françaises libres, il participe aux opérations du Gabon avec le Régiment de tirailleurs du Cameroun (RTC). De retour au Cameroun, il prend le commandement d’une compagnie du Bataillon de marche n° 5 en cours d’instruction. Il est promu capitaine le 1er mars 1941. Puis il forme et entraîne à Douala un corps franc avant d’être affecté à la Compagnie de découverte et de combat du Cameroun.
À la fin de 1941, il est muté au Groupe nomade du Borkou au Tchad et participe aux opérations du Fezzan et notamment à la prise d’Oum El Araneb. Il combat en Tripolitaine puis en Tunisie, où il est grièvement blessé, au Ksar Rhilane, le 10 mars 1943, par mitraillage d’avion en allant se poster pour surveiller l’avance des blindés allemands. Soigné en Égypte, il rejoint le Régiment de marche du Tchad (RMT) dont il commande la 9e Compagnie, la Nueve, essentiellement composée de volontaires espagnols.
Il participe à la campagne de France avec la 2e Division blindée du général Leclerc et se distingue à la prise d’Ecouché à la tête de sa compagnie avec laquelle il coupe une colonne ennemie, avant de s’installer défensivement dans un secteur très difficile, détruisant chars blindés, camions, contre-attaquant l’ennemi composé d’unités SS et de Panzers et lui infligeant chaque jour de grosses pertes dont plus de 300 prisonniers ; il contribue ainsi au maintien de la position tout en gênant la retraite allemande. Il conduit dans Paris, jusqu’à l’Hôtel de Ville et la Préfecture de Police, où les patriotes sont cernés par les forces allemandes, le premier détachement de la 2e DB dans la soirée du 24 août 1944. Il s’illustre encore à Vacqueville en Meurthe-et-Moselle où il enlève le village âprement défendu par l’ennemi, le conservant malgré un violent tir d’artillerie. Il prend part activement ensuite aux campagnes d’Alsace et d’Allemagne où, commandant un détachement d’Infanterie et de chars, il accomplit avec succès contre un ennemi encore résistant, des opérations de harcèlement et de nettoyage dans la région ouest de Berchtesgaden, qui aboutissent à la prise d’un important matériel et de 1 200 prisonniers.
Raymond Dronne commande ensuite un bataillon d’Infanterie blindée en Cochinchine et au Tonkin. Il termine la guerre avec le grade de chef de bataillon. Promu colonel en 1947, il quitte l’Armée et se consacre à la vie politique et à l’écriture. Maire d’Ecommoy (Sarthe) de 1947 à 1983. Sénateur (1948-1951) puis député de la Sarthe (1951-1962) et de nouveau député (1968-1978), il est président de la Commission de la Défense Nationale à l’Assemblée (1976-1978) Raymond Dronne est décédé à Ecommoy, le 5 septembre 1991. Il à été inhumé à Mayet dans la Sarthe.
Distinctions :
• Grand Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 29 décembre 1944 • Croix de Guerre 39/45 (7citations)
• Croix de Guerre des TOE (2 citations) • Médaille de la Résistance
• Médaille Coloniale
• Médaille des Blessés
• Commandeur de l’Etoile Noire (Bénin)
CHARLES DE GAULLE
Charles de Gaulle est né à Lille le 22 novembre 1890 dans une famille catholique et patriote. À sa sortie de l’École militaire de Saint-Cyr en 1912, il choisit l’infanterie qu’il juge « plus militaire ». Pendant la Première Guerre Mondiale, blessé, il est fait prisonnier en 1916. Après plusieurs tentatives d’évasion, il est enfermé dans la forteresse d’Ingolstadt. Dans l’entre-deux-guerres, il réfléchit à une réforme de l’armée. Dans son ouvrage, Vers l’Armée de métier, publié en 1934, il préconise l’usage d’un corps de blindés.
Colonel en 1937, général à titre temporaire à la fin mai 1940, de Gaulle est appelé par Paul Reynaud, président du Conseil, comme sous-secrétaire d’État à la Défense nationale et à la Guerre, le 5 juin. Le 16 juin, de retour de mission en Angleterre, il apprend la demande d’armistice. Il repart aussitôt pour Londres afin de poursuivre la guerre, et lance un appel à la résistance, sur les ondes de la BBC, le 18 juin.
Grâce à sa détermination et à l’appui de Churchill, il organise des forces armées qui deviendront les Forces françaises libres, crée un Comité national français avec l’aide de René Cassin, qui deviendra le Comité français de la Libération nationale le 3 juin 1943 puis le Gouvernement provisoire de la République française un an plus tard. Pendant ces années de guerre, il rallie progressivement les territoires de l’Empire, réalise l’union avec la Résistance intérieure, avec Jean Moulin, et fait de la France l’un des États vainqueurs, aux côtés des Alliés, Grande-Bretagne, États-Unis et Union soviétique. Président du Gouvernement provisoire, de Gaulle, en désaccord avec l’Assemblée constituante sur la conception de l’État, démissionne le 20 janvier 1946.
Dans son discours de Bayeux,le 16 juin 1946, il expose un véritable projet constitutionnel avec un exécutif fort, germe de ce que sera la Constitution de la Ve République. Le 14 avril 1947, il lance un mouvement, le Rassemblement du Peuple français (RPF), qui, s’il remporte d’abord de grands succès aux élections municipales, ne rencontre pas l’impact espéré lors des législatives de 1951. Mais le RPF forme et mobilise des militants, crée un encadrement qui se révélera important en 1958.
L’impuissance de la IVe République face à la question algérienne conduit bon nombre de responsables politiques de tous bords à souhaiter le retour du Général. Après la crise du 13 mai 1958 à Alger, le Président de la République, René Coty, décide de faire appel « au plus illustre des Français ». Charles de Gaulle devient alors, le 1er juin, le dernier président du Conseil de la IVe République. Il reçoit les pleins pouvoirs, et fait élaborer une Constitution qui sera adoptée par référendum le 28 septembre 1958, avec 79,2% de « oui ». Les différents territoires de l’Empire l’approuvent également, sauf la Guinée qui devient ainsi le premier État d’Afrique à obtenir son indépendance. De Gaulle est élu par un collège électoral, le 21 décembre suivant, Président de la République française et de la Communauté africaine et malgache. La tâche la plus urgente concerne l’Algérie. De Gaulle multiplie les voyages et s’achemine vers la solution de l’indépendance : après l’offre de « la paix des braves » en octobre 1958, il propose l’autodétermination aux Algériens l’année suivante. Le putsch des généraux le 22 avril 1961 échoue et n’empêche pas l’ouverture de négociations avec le FLN. Les accords d’Evian, signés le 22 mars 1962, acceptés par référendum en France et en Algérie, accordent l’indépendance à celle-ci.
L’année 1962 marque un véritable tournant. Libéré de la guerre d’Algérie, mais non de ses séquelles (rapatriement des Français, attentats de l’OAS), le chef de l’État s’attache à mener une politique d’indépendance nationale renforçant ainsi le rang de la France.
Poursuivant la politique nucléaire de la IVe République, la première bombe atomique française éclate à Reganne en février 1960. Refusant la tutelle des États-Unis, de Gaulle retire peu à peu la France du système intégré de l’OTAN (ce sera chose faite en 1966), tout en restant membre de l’Alliance atlantique. Cherchant à construire une Europe réellement européenne, il se rapproche de l’Allemagne fédérale en signant le Traité de l’Élysée (22 janvier 1963), et refuse l’entrée de la Grande-Bretagne, trop liée aux États-Unis, dans la Communauté économique européenne. Il renforce la CEE avec la politique agricole commune en 1963.
Mener « une politique des mains libres », c’est aussi renforcer la présence de la France dans le monde auprès des États nés de l’ancienne Communauté africaine et malgache, indépendants depuis 1960, mais aussi en Asie et en Amérique latine. En 1964, de Gaulle reconnaît la République populaire de Chine. Il effectue un long voyage en Amérique latine. Il prononce un discours à Phnom-Penh en 1966 dans lequel il stigmatise la politique américaine au Vietnam. En juillet 1967, le « Vive le Québec libre ! » accentue l’opposition du Général à l’impérialisme américain, tout en défendant la présence historique de la France en Amérique du Nord. Mais aussi, de Gaulle se rapproche de l’Union soviétique et de ses États satellites, pour construire « l’Europe de l’Atlantique à l’Oural ». La politique de « Détente, Entente et Coopération » est amorcée par un voyage en URSS en juin 1966. Au demeurant, le général de Gaulle n’a jamais failli à sa fidélité au bloc occidental et par exemple, lors de la crise de Cuba en 1962, il a été le premier à soutenir Kennedy contre Khrouchtchev.
Une France puissante ne se conçoit pas sans institutions stables. La Constitution de la Ve République voulue par le général de Gaulle en est l’outil principal, mais il faut que l’exécutif soit renforcé par le soutien populaire : le recours au référendum lors de choix importants : sur l’autodétermination des Algériens (8 janvier 1961), les accords d’Evian (8 avril 1962), la réforme constitutionnelle (28 octobre 1962), la régionalisation et la réforme du Sénat (27 avril 1969) ne suffit pas.
Après l’attentat du Petit-Clamart, le 22 août 1962, le Général propose l’élection du chef de l’État au suffrage universel, afin de lui assurer une légitimité nécessaire face aux députés. L’élection présidentielle est, depuis, un des éléments majeurs de la participation des citoyens à la vie politique. En 1965, l’élection au suffrage universel est mise en pratique pour la première fois. Après son premier mandat de sept ans, de Gaulle est élu au second tour face à François Mitterrand, avec 54,8% des voix.
Le Général souhaitait une réforme de la société allant dans le sens de plus de participation à la vie des entreprises notamment. Après la réforme financière de 1958, la France bénéficie de la croissance amorcée sous la IVe République. Mais elle « s’ennuie » et les événements de Mai 1968 en sont le révélateur. À la contestation des étudiants s’ajoute le mécontentement des ouvriers. Il dissout l’Assemblée nationale le 30 mai. C’est le 27 avril 1969 qu’un projet différent, portant sur la régionalisation et la réforme du Sénat, proposé aux Français, est rejeté par 52,4% des voix. À cette occasion, Charles de Gaulle avait engagé sa propre légitimité. Fidèle à sa promesse et respectueux du peuple souverain, de Gaulle démissionne le lendemain.
Il se retire à Colombey-les-Deux-Églises, s’abstient de toute prise de position publique, et poursuit l’écriture de ses mémoires. Les Mémoires de Guerre avaient commencé de paraître en 1954. Seul le premier volume des Mémoires d’espoir est achevé lors que Charles de Gaulle meurt, le 9 novembre 1970. Pendant qu’à Notre-Dame de Paris a lieu une cérémonie officielle avec les autorités de l’État et les personnalités étrangères, il est enterré au cimetière de Colombey en présence de sa famille, des Compagnons de la Libération et des habitants de son village.
JACQUES DE GUILLEBON
Jacques de Guillebon est né le 13 octobre 1909 à Lunéville ; son père est officier de cavalerie. Après des études dans divers établissements religieux à Dôle, Amiens, Lille, Neuilly et Versailles, il entre en 1930 à Polytechnique. Nommé sous-lieutenant en 1932, il est affecté à l’École d’application d’artillerie de Fontainebleau puis, en août 1934, au 2e Régiment d’artillerie coloniale (2e RAC). Promu lieutenant en septembre 1934, il est désigné pour partir en Côte française des Somalis où il séjourne d’octobre 1935 à octobre 1937. Le lieutenant de Guillebon est affecté en Afrique équatoriale française au Régiment de tirailleurs sénégalais du Tchad (RTST) à compter de mai 1939.
Il entend l’Appel du 18 juin à Fort-Lamy. Capitaine-adjoint du colonel Marchand, commandant les troupes du Tchad, il participe au ralliement du territoire à la France libre le 26 août 1940. À ce titre, il est condamné à mort et à la dégradation par le Tribunal militaire de Riom pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’État ».
Le RTST, rallié en bloc sur son propre territoire est placé sous les ordres du colonel Leclerc le 3 décembre 1940. Commandant son groupement, Guillebon participe à l’expédition de reconnaissance sur Koufra. Il se distingue lors de la destruction de l’aérodrome près du Fort d’El Tag où, le 7 février 1941, il lance ses voitures et incendie deux avions. Les 18 et 19 février lors du siège de Koufra, il maintient au combat les éléments autos pris sous le feu et règle le tir de mortier, contraignant l’ennemi à la retraite. Il est aux côtés de Leclerc lors de la reddition du Fort le 1er mars 1941.
Jacques de Guillebon est nommé Compagnon de la Libération le 14 juillet 1941.
En février 1942, Leclerc lance une opération de raids sur le Fezzan, les Britanniques ayant renoncé à une attaque massive sur la Tripolitaine. Le détachement Guillebon comportant 66 hommes, 22 véhicules, 1 arme lourde et 1 mortier, 1 élément médical et 11 camions, suit l’itinéraire Bardaï – Yechti – Brach, et se met en route le 22 février. Le 1er mars, il prend le poste de Tmessali, réquisitionne munitions et matériels utilisables et se retire après avoir détruit les installations radio et mis le feu. Il prend ainsi un autre poste ennemi et inflige de sérieuses pertes à un troisième. Le 14 mars tous les éléments qui ont participé à l’opération sont de retour à Zouar.
En avril 1942, il est promu chef d’escadron et nommé au commandement de l’artillerie du Tchad puis, en novembre suivant, nommé chef d’état-major de la Colonne Leclerc. C’est à ce titre qu’il participe à la seconde campagne du Fezzan en décembre 1942-janvier 1943. Chef d’état-major de la Force L (nouvelle appellation de la Colonne Leclerc), il prend part à la campagne de Tunisie au cours de laquelle il est blessé par éclat d’obus, le 24 avril 1943.
Rapatrié en Grande-Bretagne en avril 1944 avec la 2e DB dont il est sous-chef d’État-major, il débarque en Normandie le 1er août 1944. Commandant un sous groupement puis un groupement tactique de la 2e DB pendant la campagne de France, il est un des premiers à entrer dans Paris.
Promu lieutenant-colonel le 1er septembre 1944, il se distingue à nouveau particulièrement dans la campagne de Champagne, puis dans les opérations de la Marne à la Meurthe, où pendant deux mois Leclerc va avoir à faire face à un adversaire de taille : Von Manteuffel, commandant la Ve Armée blindée allemande.
Le 19 septembre 1944 Jacques de Guillebon prend Fontenay et Glonville-sur-Meurthe en aval de Baccarat, puis, entre le 31 octobre et le 1er novembre, réussit à libérer neuf villages poussant dans un élan irrésistible ses sous groupements au-delà même des objectifs désignés, permettant la capture de plus de 300 prisonniers et la prise d’un important matériel.
Baccarat pris, il reste 120 km pour gagner Strasbourg à travers la Lorraine, les Vosges, l’Alsace. Le gros du groupement de Guillebon force Badonvillers, un difficile débouché vers le Nord, le 16 novembre 1944, et livre le soir même un dur combat à Bréménil. Le lendemain, il prend Petitmont-Val et Châtillon. Le 21 novembre à Cirey, il enfonce la Vor-Vogesen-Stellung et le 23, il va batailler toute la journée aux alentours du pont de Kehl. Avec un bataillon américain, il entre dans Strasbourg par les ponts de l’Ill et obtient à 18 heures la reddition de tous les blockhaus avoisinants.
Il est à nouveau cité pour les derniers combats de libération de l’Alsace où les Allemands, en liaison avec l’offensive des Ardennes, attaquent vers Sarrebourg et Saverne. La Division Leclerc barre la route vers Puttelange et Sarre-Union, reprend Adron et Gros-Rederching, puis va participer avec la 1ère Armée à la libération de Colmar. Le dégel rend les opérations particulièrement difficiles autour d’Obernai et de Molsheim. Le lieutenant-colonel de Guillebon termine la guerre à Berchtesgaden où, selon les termes de sa citation au grade de commandeur de la Légion d’Honneur, il a « l’honneur et la joie de faire flotter le drapeau français ». Colonel en juin 1945, il part pour l’Indochine le 25 novembre 1945. Il y séjournera jusqu’à fin août 1946. Attaché militaire à Berne de janvier 1948 à mai 1951, il est l’année suivante auditeur du Centre des hautes études militaires (CHEM).
Nommé commandant de la Subdivision de Gabès et des Territoires sud tunisiens le 6 septembre 1952, Jacques de Guillebon est promu général de brigade le 1er mai 1955 avant de commander l’École polytechnique (1957-1959).
Nommé membre du Conseil de l’Ordre de la Libération en 1958, il est promu général de division le 10 mars 1959 puis, sur sa demande, rayé des contrôles de l’armée le 21 janvier 1960.
Rappelé à l’activité à compter du 15 septembre 1961 le général de Guillebon est nommé commandant de la 5e Région militaire puis promu général de corps d’armée le 1er juillet 1962.
Directeur de l’IHEDN et du CHEM de janvier 1966 à octobre 1969, il prend ensuite sa retraite.
Jacques de Guillebon est décédé à Paris, le 25 février 1985 à l’hôpital du Val-de-Grâce. Il a été inhumé à Essertaux dans la Somme.
Distinctions :
• Grand Officier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 14 juillet 1941
• Grand Croix de l’Ordre National du Mérite
• Croix de Guerre 39-45 (10 citations) • Croix des TOE (2 citations)
• Croix de la Valeur Militaire
• Médaille Coloniale avec agrafes « Côte des Somalis », « Koufra », « Fezzan », « Fezzan-Tripolitaine »
• Médaille des Blessés
• Commandeur du Nicham Iftikar (Tunisie)
• Grand Officier de l’Ordre Royal du Cambodge
• Grand Officier de l’Etoile d’Anjouan (Comores)
MARCELLE HENRY
Marcelle Henry est née le 7 septembre 1895 à Angers (Maine-et-Loire) où son père est alors inspecteur départemental du Travail dans l’industrie. Après des études secondaires au lycée de jeunes filles de Limoges puis au cours secondaire du 15e arrondissement à Paris (1908-1912), elle intègre le lycée Victor Duruy, deux ans après la mort de son père. Bachelière, licenciée en Histoire-Géographie, possédant par ailleurs un bon niveau en anglais, elle enseigne pendant trois ans de 1915 à 1919, d’abord au collège de garçons de Chatillon sur Seine (Côte d’Or) puis au collège de Langres (Haute-Marne).
En septembre 1919, Marcelle Henry, suivant la tradition paternelle, entre au ministère du Travail où elle est d’abord auxiliaire temporaire puis secrétaire auxiliaire. En 1920, elle passe brillamment le concours de rédacteur et est titularisée en 1922. Après le décès de sa mère en 1925, elle se retrouve chargée de famille et doit prendre entièrement à sa charge son frère aîné, Victor, qui, atteint depuis son jeune âge d’une maladie incurable, est inapte au travail. Promue sous-chef de bureau en 1931 elle dirige, au ministère, place de Fontenoy, à partir de 1937, le bureau de l’hygiène et de la sécurité des travailleurs de la Direction du Travail.
Catholique fervente, elle prend position contre la collaboration dès les lendemains de l’armistice et développe une atmosphère de résistance au sein du ministère. Elle entre en liaison avec la Résistance et constitue, chez elle, dans sa maison d’Athis-Mons, des dépôts de tracts qu’elle distribue dans les usines.
En même temps, elle amène plusieurs de ses collègues à la lutte active et use de ses fonctions publiques pour couvrir les agissements clandestins de ses subordonnés. Elle donne également asile à des réfugiés poursuivis. À partir de 1942, en plus de ses fonctions professionnelles, elle est placée à la tête du Service central et du Secrétariat de la Direction du Travail. Elle reçoit systématiquement une notation administrative très élevée et fait en outre l’objet d’appréciations élogieuses de la part de ses chefs qui la considèrent comme un élément précieux possédant une culture étendue et faisant preuve de qualités d’organisation et d’initiative.
En septembre 1943, elle est incorporée aux Forces françaises combattantes, au titre du BCRA (Bureau central de renseignements et d’action), les services secrets de la France Combattante. Elle travaille alors, comme agent de liaison, au circuit d’évasion VIC que dirige Henri Levin. Ce réseau prend en charge les officiers français et alliés. Agent P.1 à partir du 1er novembre 1943, elle assure l’hébergement des évadés lors de leur passage à Paris et travaille sous les ordres du commandant Jacques Mitterrand, alias « Julien ».
La Gestapo l’arrête le 4 juillet 1944 à son domicile parisien du boulevard Saint-Michel, croyant y trouver « Julien », vraisemblablement à la suite des aveux d’un membre du réseau. Durant de cruels interrogatoires, elle parvient à ne pas parler sinon pour décharger plusieurs de ses collaboratrices, également arrêtées.
Internée à Fresnes, Marcelle Henry est condamnée à mort au moment ou elle est promue sous-lieutenant des Forces françaises combattantes (agent P. 2) et ne doit son salut qu’au désarroi allemand du mois d’août 1944, son dossier étant probablement égaré. L’approche des Alliés fait qu’elle est déportée le 15 août 1944 par le dernier convoi de 2 200 résistants et aviateurs alliés quittant Paris.
Arrivée le 21 août 1944 au camp de concentration de Ravensbrück elle est envoyée à Torgau, kommando de Buchenwald, où les détenus travaillent pour une usine de fabrication de munitions et d’explosifs. Il semble qu’elle refuse de travailler pour l’industrie allemande ce qui lui vaut de subir des privations supplémentaires.
En janvier 1945, le kommando est évacué sur Ravensbrück où Marcelle Henry est libérée par la Croix-Rouge le 9 avril 1945. Rapatriée en France le 14 avril par l’intervention de la Croix-Rouge, elle décède le 24 avril 1945 à Paris, à l’hôpital Claude Bernard des suites des privations et des mauvais traitements. Elle est inhumée au cimetière parisien à Bagneux (Hauts-de-Seine). Proposée en 1943 pour une inscription au tableau de sous-directeur ou de directeur adjoint, son arrestation en juillet 1944 a empêché cette promotion. Ce n’est qu’à titre posthume que, par arrêté du 10 janvier 1946, Marcelle Henry est nommée sous-directeur honoraire au ministère du Travail et de la Sécurité sociale, récompensant des titres résistants éminents mais aussi une carrière d’exception.
Distinctions :
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 27 avril 1945
• Croix de Guerre 39/45 avec palme
• Officier du Mérite Social à titre posthume
PHILIPPE LECLERC DE HAUTECLOCQUE
Philippe de Hauteclocque est né le 22 novembre 1902 au Château de Belloy Saint Léonard dans la Somme dans une famille de vieille noblesse picarde. Il entre à Saint-Cyr en 1922 (promotion Metz et Strasbourg) et en sort à la cinquième place en 1924 ; il suit brillamment ensuite les cours de l’École d’application de Cavalerie de Saumur. En 1925, il est affecté au 5e Régiment de cuirassiers en occupation en Allemagne ; après avoir passé un an à Trèves, le lieutenant de Hauteclocque obtient une affectation au 8e Spahis algériens au Maroc où il va passer cinq années. Il participe à la pacification du territoire au cours de laquelle il se distingue et prend le commandement du 38e Goum en 1929 puis sert comme officier d’état-major. Il est rappelé en métropole en 1931 et devient instructeur à Saint-Cyr. Après un bref second séjour au Maroc à l’été 1933, il est en stage à Saumur puis, promu capitaine, de nouveau instructeur à Saint Cyr. En 1938, il est reçu major à l’École de Guerre et le reste l’année suivante lorsque la guerre interrompt la formation. Fin mai 1940, faisant alors partie de l’État-major de la 4e Division d’Infanterie, il est fait prisonnier ; il parvient cependant à s’échapper et à rejoindre les lignes françaises.
Le 15 juin, lors d’une contre-attaque face à des blindés ennemis dans la plaine de Champagne, il est blessé à la tête et à nouveau capturé. Il s’évade le 17 et, via l’Espagne et le Portugal, réussit à gagner Londres où il se présente le 25 juillet au général de Gaulle sous le pseudonyme de Leclerc. Il est promu chef d’escadron.
Le 6 août 1940, envoyé en AEF, avec Claude Hettier de Boislambert et René Pleven, par le général de Gaulle, il quitte l’Angleterre pour le Cameroun. Il a pour mission de ramener le territoire dans la guerre et, le 27 août 1940, à Douala où il a débarqué la veille en pirogue avec 22 hommes, il reçoit le ralliement du territoire à la France libre et en est nommé ensuite Commissaire général ; en novembre 1940, il rallie le territoire du Gabon à la France libre puis, promu lieutenant-colonel, est désigné comme commandant militaire du Tchad.
De Fort-Lamy (Tchad), il lance avec la Colonne Leclerc, dès le 25 janvier 1941, à travers 650 kilomètres de désert, une opération contre le fort italien de Koufra qu’il conquiert le 1er mars. Le lendemain, il proclame : « Jurons de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la Cathédrale de Strasbourg », c’est le Serment de Koufra. Le 6 mars 1941, il est nommé Compagnon de la Libération par le général de Gaulle.
Promu colonel en juin 1941 puis général de brigade en août, il mène alors contre les Italiens une campagne de harcèlement et lance du 2 février au 14 mars 1942, une expédition victorieuse sur le sud du Fezzan. Un butin important est pris ou détruit. Alors que Rommel avance sur l’Égypte, différentes patrouilles sont organisées au nord et à l’est du Tibesti. Les conditions de vie sont extrêmes, en plus de la chaleur, s’ajoutent les distances qui se chiffrent en milliers de kilomètres, le tout s’opérant loin de toute base logistique.
À la mi-décembre 1942, Leclerc entreprend la conquête du Fezzan avec plus de 3 000 hommes formant la « Force L ». L’attaque est fulgurante et très en profondeur, allant jusqu’à Tripoli. Le succès est total. Le 24 janvier 1943, la jonction est opérée avec les troupes britanniques. La « Force L » s’installe alors en Tunisie pour protéger le flanc de la VIIIème Armée britannique, entre dans Kairouan le 12 avril et défile le 8 mai 1943 dans Tunis libéré, ce qui vaut à Leclerc d’être présenté par Montgomery au roi George VI.
Le 15 mai 1943, la Force L devient la 2e Division française libre (2e DFL).
Trois mois plus tard naît la 2e Division blindée qui prend forme au Maroc, à Temara où elle est organisée, entraînée et équipée de matériel américain. En avril 1944, elle est transférée en Angleterre où elle attend impatiemment l’heure du débarquement en France. Leclerc passe sous le commandement du général Patton et débarque en Normandie, près de Saint-Martin-de-Varreville le 1er août 1944. Leclerc dirige ses troupes pendant les difficiles combats de Normandie : Alençon, la Forêt d’Ecouves, Ecouché, Carrouges, Argentan.
Le 18 août, l’ennemi est partout en déroute. Mais Leclerc ne parvient pas à obtenir l’ordre de marcher sur Paris. Ce n’est que le 22 août que, l’autorisation lui ayant enfin été accordée, il fait mettre la 2e DB en mouvement. Le 25 août 1944, il entre dans la capitale par la Porte d’Orléans debout dans son scout-car, reçoit la reddition du général Von Choltitz et installe son P.C. dans la gare Montparnasse.
Dès le début de septembre, il reprend sa route vers l’Est et après avoir forcé les Vosges, fait hisser le drapeau français à Croix de Lorraine sur la flèche de la Cathédrale de Strasbourg, le 23 novembre 1944. Il nettoie l’Alsace et la Lorraine, participe à la réduction de la poche de Colmar et, fin avril 1945, ayant atteint la Bavière, reçoit comme objectif le nid d’aigle d’Hitler à Berchtesgaden.
Aussitôt après la capitulation allemande, Philipe Leclerc est désigné pour commander le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient. Le 22 juin 1945, la 2e DB est rassemblée dans la Forêt de Fontainebleau pour recevoir l’adieu de son chef. Leclerc quitte la France le 18 août 1945 et signe, le 2 septembre, pour la France, l’acte de la capitulation du Japon. Il parvient à Saigon le 5 octobre 1945 ; il pacifie en trois mois le Cambodge et la Cochinchine et débarque en mars 1946 au Tonkin : le 15 juin, ses troupes sont à la frontière chinoise.
En juillet 1946, il est promu général d’armée et devient inspecteur général des Forces terrestres d’Afrique du Nord.
Le 12 avril 1947, il est nommé inspecteur des Forces terrestres, maritimes et aériennes de l’Afrique du Nord puis membre du conseil supérieur de la Défense.
Au cours d’une mission, le 28 novembre 1947, son avion s’écrase près de Colomb-Béchar en Algérie. Il est inhumé dans la crypte des Invalides.
Par décret du 23 août 1952, le titre suprême de Maréchal de France lui est conféré à titre posthume.
Distinctions :
• Grand Croix de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 6 mars 1941
• Médaille Militaire
• Croix de Guerre 39/45 (8 citations)
• Croix de Guerre des TOE avec deux palmes
• Médaille de la Résistance avec rosette
• Médaille des Evadés
• Médaille Coloniale avec agrafes « Maroc », « Fezzan », « Koufra », « Tripolitaine », « Tunisie », « E-O » • Médaille des Blessés
• Médaille des Services Volontaires dans la France Libre
• Médaille Commémorative de la Guerre 39/45
• Commandeur de l’Ordre du Bain (GB)
• Distinguished Service Order (GB)
• Silver Star (USA) • Bronze Star Medal (USA)
• Commandeur de la Legion of Merit (USA)
• Presidential Unit Citation (USA)
• Grand Officier de l’Ordre de la Couronne Royale (Belgique)
• Croix de Guerre 40/45 avec palme (Belgique)
• Croix de Guerre 39-45 (Luxembourg)
• Grand Croix de l’Ordre de la Couronne de Chêne (Luxembourg)
• Ordre du Virtuti Militari (Pologne)
• Croix de Guerre 39/45 (Tchécoslovaque)
• Ordre du Lion Blanc (Tchécoslovaque)
• Croix de Guerre de 1ère Classe (Grèce)
• Ordre de la Paz au Maroc (Espagne)
• Grand Croix de l’Ordre du Nicham Iftikar (Tunisie)
• Grand Croix de l’Ordre du Ouissam Alaouite (Maroc)
• Grand Croix de l’Ordre Royal du Cambodge
• Grand Croix de l’Ordre du Parasol Blanc (Laos)
• Grand Croix de l’Ordre du Million d’Eléphant (Laos)
JEAN MOULIN
Jean Moulin est né le 20 juin 1899 à Béziers où son père était professeur d’histoire et conseiller général radical-socialiste de l’Hérault. Bachelier en 1917, il s’inscrit à la faculté de droit de Montpellier et entre parallèlement comme attaché au cabinet du préfet de l’Hérault. Jean Moulin est mobilisé en avril 1918 et envoyé dans les Vosges où le surprend l’armistice de novembre 1918. Licencié en droit, il entre très tôt dans la carrière préfectorale : d’abord secrétaire général de Préfecture à Montpellier, il est en 1925 le plus jeune sous-préfet de France, à Albertville en Savoie. Il est successivement sous-préfet de Châteaulin (19301933), de Thonon (1933) puis secrétaire général de la Somme (1934-1936).Il a également appartenu à plusieurs cabinets ministériels et notamment celui de Pierre Cot, Ministre de l’Air dans le gouvernement du Front populaire d’où il s’engage dans l’aide clandestine à l’Espagne républicaine. Nommé préfet en mars 1937, il est, là encore, le plus jeune préfet de France et est nommé à Rodez en 1938 puis à Chartres l’année suivante.
Lorsque la guerre éclate, il veut rejoindre les troupes, mais il est maintenu en affectation spéciale à Chartres où il fait face à l’exode de la population. Le 17 juin 1940, il reçoit alors les premières unités allemandes ; les autorités d’occupation veulent lui faire signer une déclaration accusant des unités de tirailleurs africains d’avoir commis des atrocités envers des civils à
LA LIBÉRATION DE PARIS FICHE ENSEIGNANT.E
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Saint-Georges-sur-Eure, en réalité victimes des bombardements allemands. Maltraité et enfermé parce qu’il refuse de signer, il se tranche la gorge. Soigné in extremis par les Allemands, il reste à son poste avant d’être, comme préfet de gauche, révoqué par Vichy début novembre ; il part pour la zone sud, s’installe dans la maison familiale de SaintAndiol (Bouches-du-Rhône) et prend contact avec les principaux mouvements de résistance de zone sud.
En septembre 1941, il quitte la France par ses propres moyens pour rejoindre l’Angleterre depuis le Portugal après avoir traversé l’Espagne. À Londres, il est reçu par le général de Gaulle auquel il fait le compte-rendu de l’état de la résistance en France et de ses besoins. Rapidement convaincu de l’intelligence et des capacités de son interlocuteur, le chef des Français libres renvoie Moulin en métropole avec pour mission de rallier et d’unir les mouvements de résistance. Il doit également créer une Armée secrète en séparant le militaire du politique.
Avec des moyens financiers et de transmission, Jean Moulin est parachuté sur les Alpilles le 2 janvier 1942 à 3h30 du matin. Il installe son Q.G. à Lyon. Délégué général du général de Gaulle, « Rex », alias Moulin, commence à mener à bien sa tâche complexe et délicate en zone sud. Il rencontre Henri Frenay, Emmanuel d’Astier et Jean-Pierre Levy, respectivement responsables des trois principaux mouvements de la zone sud Combat, Libération et Franc-Tireur, leur apporte une aide financière, parvient, non sans mal, à aplanir leurs différends. Son action aboutit, en octobre 1942 à la création de l’Armée secrète (AS), fusion des groupes paramilitaires de ces trois grands mouvements, dont le commandement est confié au général Delestraint puis, au début de l’année 1943, à la création des Mouvements unis de Résistance (MUR) rassemblant Combat, Libération et Franc-Tireur. Grand amateur d’art et dessinateur lui-même, l’ancien préfet Jean Moulin ouvre entre-temps une galerie d’art à Nice, la galerie Romanin (son propre pseudonyme d’artiste), qui lui sert de couverture. En février 1943, Jean Moulin se rend à nouveau à Londres où il rend compte de sa mission et est décoré par le général de Gaulle de la Croix de la Libération. De retour en France le 20 mars par une opération Lysander, « Rex » devenu « Max » est le seul représentant du général de Gaulle pour la Résistance. Ses efforts dans toutes les directions, malgré certaines réticences, aboutissent bientôt à la constitution du Conseil national de la Résistance (CNR) dont la première réunion se tient sous sa présidence au 48 de la rue du Four à Paris, le 27 mai 1943. Il s’agit d’un conseil réunissant les responsables de mouvements de résistance des deux zones mais aussi des responsables politiques et syndicaux. Important politiquement car il symbolise aux yeux du monde – et surtout des Alliés – l’unité française, le CNR adopte lors de sa première réunion une motion reconnaissant le général de Gaulle comme le seul chef politique de la France combattante.
Dans le but d’organiser rapidement la relève à la tête de l’Armée secrète qui vient d’être décapitée par l’arrestation à Paris du général Delestraint, Moulin en convoque les responsables pour le 21 juin 1943 à Caluire, dans la banlieue de Lyon, chez le Docteur Dugoujon. Mais à la suite de dénonciations, la police de sécurité allemande (SIPO-SD) menée par Klaus Barbie intervient : tous sont arrêtés et emmenés à la prison du Fort Montluc.
Interrogé par Barbie qui l’identifie après deux ou trois jours, Jean Moulin ne dit rien. Il est transféré début juillet avenue Foch à Paris puis dans une villa de Neuilly, où la Gestapo avait coutume « d’interroger » des personnalités importantes ; sans que l’on sâche réellement si c’est à cause des tortures subies ou parce qu’il a tenté de se suicider, son état de santé est désespéré. C’est vraisemblablement pour tenter de le soigner et de le conserver comme otage qu’il est transféré en Allemagne. C’est dans le train, quelque part entre Metz et Francfort, alors qu’il n’a déjà plus figure humaine, qu’il meurt le 8 juillet 1943.
Ses cendres, jusqu’alors déposées au Père Lachaise, ont été transférées au Panthéon le 19 décembre 1964.
Distinctions :
• Chevalier de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 17 octobre 1942
• Médaille Militaire • Croix de Guerre 1939-45
• Chevalier du Mérite Agricole
• Médaille Commémorative de la Grande Guerre
• Médaille de l’Éducation Physique avec rosette
• Médaille d’Honneur (argent) des Assurances sociales (Ministère du Travail)
• Médaille de la Prévoyance Sociale
• Médaille d’Honneur (argent) de l’Assistance publique (Ministère de la Santé Publique)
• Chevalier de la Couronne d’Italie (1926)
• Commandeur de la Couronne de Yougoslavie
• Ordre de Jade (Chine, 1938)
HENRI ROL-TANGUY (Alias : Louis – Théo – Morel – Prat – Gay – Imbert – Nordal – Rol)
Henri Tanguy est né le 12 juin 1908 à Morlaix dans le Finistère d’un père officier marinier et d’une mère blanchisseuse. Il fait ses études primaires à Toulon, Brest et Cherbourg. Ouvrier métallurgiste dans la région parisienne dès l’âge de 14 ans, en 1922, il fait son service militaire en 1929 au 8e Régiment de Zouaves à Oran. Militant communiste, il devient, en octobre 1936, secrétaire du Syndicat des Travailleurs de la Métallurgie CGT de la région parisienne.
Il sert en Espagne de février à octobre 1937 dans les rangs des Brigades internationales de l’Armée républicaine espagnole. Il est officier et occupe le poste de Commissaire Politique dans la 14e Brigade (« La Marseillaise »). En février 1938, il retourne en Espagne où il fait l’apprentissage du feu. Le 18 juin 1938, il est blessé d’une balle dans la poitrine sur le front de l’Ebre. De retour en France en novembre 1938, il est mobilisé en septembre 1939 et affecté comme soldat de 1ère classe au 57e Régiment d’Infanterie coloniale (57e RIC) en Lorraine. En mai 1940, il est affecté comme armurier au 28e Régiment d’Infanterie coloniale mixte sénégalais ; promu lieutenant, il prend part aux combats de la 28e Division du 5 au 24 juin 1940 et est cité à l’ordre du Régiment.
Démobilisé en août 1940, il refuse la défaite et par antifascisme et patriotisme, il rejoint immédiatement les rangs de la Résistance parisienne avec son épouse Cécile et ses camarades du syndicat des Métaux. Il prend la tête des comités populaires de la région parisienne qui doivent remplacer clandestinement les syndicats désormais contrôlés par le gouvernement de Vichy. Dès le début du mois d’octobre 1940 à la suite d’une vague d’arrestations et alors qu’il est recherché par la police de Vichy, Henri Tanguy, avec son épouse, entre dans la clandestinité prenant alors différents pseudonymes.
Dans les mois qui suivent, il participe également à la mise sur pied de l’Organisation spéciale (OS), mouvement communiste chargé de l’action directe et du sabotage, et exerce des responsabilités au sein du PCF parisien.
Dès juillet 1941 il met en place, peu à peu, avec Raymond Losserand et Gaston Carré une direction militaire de la résistance dans la région parisienne, créant de petits groupes armés.
Début 1942, Henri Tanguy est nommé chef des Francs-Tireurs et Partisans (FTP) de la région parisienne. Peu de temps après, en mai 1942, Raymond Losserand et Gaston Carré sont arrêtés – et quelques mois plus tard fusillés – alors que Henri Tanguy échappe de peu à l’arrestation à son domicile. C’est pourquoi, pour des raisons de sécurité, il est nommé en septembre 1942, par le comité national FTP, chef des FTP de la région « Poitou-Anjou » puis de la région Atlantique. En mai 1943, à la suite d’une nouvelle vague d’arrestations à Paris, il est de nouveau nommé chef des FTP de la région parisienne avec pour mission de réorganiser le mouvement. Il rédige également avec sa femme un journal clandestin, le FrancTireur Parisien.
En septembre 1943, il est nommé représentant des FTP au Comité d’Action contre la Déportation (CAD) que dirige Yves Farge et qui a pour but d’empêcher le départ en Allemagne des requis du Service du Travail obligatoire (STO), notamment par la fabrication de faux-papiers. Il participe au titre des FTP, dans le dernier trimestre de l’année 1943, à la mise en place de l’Étatmajor des Forces françaises de l’Intérieur (FFI) de la région parisienne (Région P1) qui comprend onze départements. Il prend donc part à la création des FFI et est nommé en janvier 1944, chef du 3e Bureau (Opérations), sous-chef d’État-major. Le 1er juin 1944, il devient chef régional des FFI pour les quatre départements de la région Ile-de-France (Seine, Seine-etMarne, Seine-et-Oise, Oise) en remplacement de Périco (Pierre Pène), arrêté. Il est en même temps promu lieutenant-colonel et prend à cette occasion le nom de Rol, en hommage à un officier des Brigades internationales, Théo Rol, tué en 1938. Il se consacre alors entièrement à la préparation de la libération de la capitale en liaison étroite avec le Comité d’Action militaire (COMAC) du Conseil national de la Résistance (CNR), le Délégué militaire national Jacques Chaban-Delmas et les membres du Comité parisien de la Libération (CPL).
L’avance des Alliés en Normandie donne bientôt le signal de l’insurrection. Le 8 août, les FTP et le COMAC se mettent à la disposition de Rol. Du 10 au 15 août, des grèves éclatent dans les administrations parisiennes (cheminots, gendarmes, policiers) et le 15 août, le colonel Rol lance un appel aux forces de l’ordre pour qu’elles se rangent aux côtés des FFI.
Le 18 août au matin commencent la grève générale et les premières occupations d’usines. Le même jour, le colonel Rol envoie une première mission chargée d’établir une liaison avec les Américains (commandant de Varreux) et parallèlement, dans la soirée, décrète la mobilisation générale des Parisiens ; une affiche est apposée sur les murs, donnant aux Parisiens l’ordre de rejoindre les FFI. Dès le lendemain, la Préfecture de Police est occupée par des policiers insurgés auxquels Rol rend visite pour les soutenir.
Le 20 août, l’État-major FFI est installé dans son poste de commandement souterrain de la place Denfert-Rochereau, sous le Lion de Belfort. Le même jour, l’Hôtel de Ville est pris et les escarmouches entre forces françaises et allemandes se multiplient en banlieue et dans plusieurs arrondissements, qui sont conquis par les insurgés. Le 21 août en début de soirée, le colonel Rol fait afficher l’ordre de dresser les barricades et renouvelle son appel le lendemain. 600 barricades couvrent rapidement la capitale. Rol fait même appel au secrétaire du syndicat des terrassiers.
Le colonel Rol réalise dans les journées du 20 au 24 août, avec 100 000 hommes placés sous ses ordres, une manoeuvre générale libérant les neuf dixièmes de la capitale, aboutissant à l’isolement puis à l’investissement de l’ennemi dans quelques points d’appui qui sont réduits le 25 août en étroite collaboration avec la 2e DB du général Leclerc ; le colonel Rol assiste à la Préfecture de Police à la signature de l’acte de reddition sans condition des forces allemandes du général Von Choltitz et contresigne lui-même un des exemplaires.
Il est ensuite affecté à la 1ère Armée française du général de Lattre de Tassigny et rejoint après le passage du Rhin, le 151e Régiment d’Infanterie au sein de la 2e Division d’Infanterie marocaine (2e DIM). Dès lors, il participe, à partir du 1er avril 1945, comme adjoint au commandant, à tous les combats du Régiment, du Rhin au Danube. Le 13 avril, il tombe, au cours d’une reconnaissance pour laquelle il s’était porté volontaire, sur un détachement ennemi ; il se jette résolument sur lui, aidé seulement par un lieutenant et un sous-officier, le met en fuite et fait trois prisonniers. Le sous-officier ayant été tué au cours de l’action, il ramène son corps, parcourant plusieurs kilomètres en pleine Forêt Noire, pour rejoindre le PC, sous la menace des infiltrations allemandes.
Après la capitulation de l’Allemagne, le 18 juin 1945, il est décoré de la Croix de la Libération par le général de Gaulle, Place de la Concorde à Paris avant d’être nommé, en juin 1945, adjoint au commandant de l’Infanterie Divisionnaire de la 2e DIM. En décembre 1945, il est intégré dans l’Armée d’active avec le grade de chef de bataillon et bientôt nommé chef de corps du 27e Régiment d’Infanterie, puis de la 7e Demi-Brigade à Dijon. En avril 1947, il est affecté au cabinet militaire du Ministre de la Défense nationale. De 1948 à 1951, il est chef du 3e Bureau à l’État-major de la subdivision du Mans. Il part à la retraite en 1962.
Membre du Comité central du PCF (1962-1987), Henri Rol-Tanguy est également Président de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance (ANACR) et Président de l’Amicale des Anciens Volontaires Français en Espagne Républicaine.
Henri Rol-Tanguy est décédé le 8 septembre 2002 à Paris. Il est inhumé au cimetière de Monteaux dans le Loir-et-Cher.
Distinctions :
• Grand Croix de la Légion d’Honneur
• Compagnon de la Libération – décret du 18 janvier 1946
• Croix de Guerre 39/45 (3 citations)
• Médaille de la Résistance • Croix du Combattant Volontaire
• Croix du Combattant Volontaire de la Résistance
• Medal of Freedom (USA)
• Médaille de l’Amitié des Peuples (URSS)